Ils sont fous ces Américains !!!
Combiens de fois, vous braves Gaulois, avez entendus ou même prononcé cette phrase ?
Peut-être vous êtes vous dit ça en voyant ça :
Ça :
Ou ça :
Ou encore ça :
Mais ce que beaucoup de Français ne comprennent pas, c’est que les Etats-Unis, et bien, ce sont des états unis. Bref, c’est quasiment comme un continent composé de plusieurs pays.
Comme je l’expliquais dans le post sur le mariage de même sexe, le gouvernement de Washington ne contrôle qu’en partie le système législatif de chaque état. Ce qui unit les états, c’est la constitution : rédigée en 1787 par les « pères fondateur » (founding fathers) Benjamin Franklin, George Washington, Thomas Jefferson, etc.
Document sacré pour les Américains, elle contient les lois universelles qui régissent les droits et devoirs des citoyens Américains.
Si la constitution ne fait pas mention de quelque chose, alors cela tombe sous la juridiction des états. Donc, pour qu’un état promulgue une nouvelle loi, il faut qu’elle soit constitutionnelle : qu’elle ne contredise pas la constitution. Si un citoyen, un groupe de citoyen ou le gouvernement fédéral s’interroge sur le caractère constitutionnel de cette loi, ils peuvent demander à la Cours suprême de l’examiner et de trancher.
C’est grâce à ce système que les grands changements sociaux ont eu lieu aux U.S. L’exemple le plus connu est le « civil right movement » qui mit fin à la ségrégation. C’est une décision de la cours suprême dans l’affaire « Brown v. Board of Education of Topeka” en 1954 qui jugea inconstitutionnelle la ségrégation dans les écoles du pays.
De là, découla tout le mouvement des droits civiques qui se termina en 1964 par la signature, par le Président Johnson, du “Civil Rights Act”, qui bannit la discrimination basée sur la "race, couleur, religion, ou origine".
Le but de cette longue digression était de bien faire comprendre que chaque état a un système législatif particulier et unique, tant qu’il n’entre pas en conflit avec la constitution. Tout ça pour vous faire comprendre que quand on dit « ils sont cons ces ricains », le problème est de savoir de qui l’on parle.
En effets, si les états du Midwest et les états du sud correspondent à cette image de l’Américain de base avec son fusil, sa bière et sa bible, les états du nord-est et la côte ouest (particulièrement la Californie) sont, eux, très progressistes.
Ainsi, quand on vois un de ces blaireaux à la télé ou sur internet et que notre première réaction est de « putain de ricains », les Californiens ont la même réaction et disent « fucking redneck » (bouseux) ou « fucking white trash » (gros boeauf blanc) ou encore « fucking Jesus freak » (tarés religieux).
Tout ça pour dire que si l’on a du mal à assimiler la dichotomie entre l’Amérique qui légalise le mariage gay, la marijuana médicale ou invente Google et l’Amérique qui brule des livres et lynche des noirs, il faut imaginer quelqu’un dire : « ils sont cons ces Européens » quand les Autrichiens vouent un culte à Jorg Haïder ou que notre ami Berlusconni plaisante sur le bronzage d’Obama. Etant donné la direction que prend l’Union Européenne, nous seront bientôt dans le même genre de configuration (et je ne suis pas contre), ce qui nous permettra peut être de mieux comprendre ce qui nous semble être aujourd’hui une schizophrénie.
J’ai été très surpris de voir que tous les gens que je rencontre ont honte de cette Amérique que nous critiquons tout le temps et sont en demande de savoir si nous n’avons pas une trop mauvaise image des Américains. D’autant que la population Californienne est extrêmement hétéroclite et la majorité des gens que j’ai rencontré ne sont arrivés aux Etats-Unis qu’il y a une génération, voir moins…