4/20 & légalisation du cannabis en Californie

Publié le par Antoine aux us

4949-4727-420.jpgVéritable fête nationale en Californie, le 20 avril est le jour où les amoureux du cannabis célèbrent leur muse. Beaucoup de rumeurs se racontent, au fond des canapés, sur l’origine de cette fête. Certains disent que c’est le code de la police pour désigner une infraction en relation avec l’usage de marijuana. D’autres disent que c’est le nombre de composés chimiques contenus dans le cannabis.

Ce qui est certain c’est que, si pour les Anglais, 4h c’est l’heure du thé, pour les Californiens, 4h20, c’est l’heure de la fumette. 6132RI.jpgSelon la légende la plus probable, ce rituel est nait au début des années 70, avec un groupe d’adolescents de San Rafael (près de San Francisco), qui avait pris l’habitude de se réunir à cette heure là pour fumer dans le parc à côté de leur lycée. Par extrapolation, le 20 avril (4/20) est donc devenu le jour où la contre-culture rend hommage au cannabis. Même si les codes ont changés et, comme nous l’explique le Los Angeles Time, il est plus probable aujourd’hui de croiser des Hummers que les hippies, lors des célébrations du 20 avril, chaque années des manifestations au lieu aux quatre coins du pays. 

high1.jpgVous savez que depuis 1996, les Californiens ont le droit de consommer et de faire pousser du cannabis à des fins thérapeutiques. La loi autorise les médecins à délivrer une ordonnance préconisant l’usage de la marijuana dans le cadre d’un traitement du cancer, de l’anorexie, du sida, de la spasmophilie, du glaucome, de l’arthrite, des migraines et de « toute autre maladies pour lesquelles la marijuana peut apporter un soulagement » (California proposition 215). Si cette loi permet à beaucoup de malades de retrouver l’appétit ou de soulager des douleurs chroniques sans être bourrés de cachets à base d’opiacés, elle a aussi eu pour effet le développement de cabinets médicaux spécialisés dans la prescription horticole.

3968499204_33723e3a38.jpgCe business a explosé ces dernières années et le prix de la consultation ne cesse de chuter. De 100$ il y a un an, il ne vous faut que 40$ aujourd’hui pour décrocher le sésame qui vous vous ouvrira les portes des dispensaires qui vendent ce nouvel or vert. On voit même se développer des franchises de cabinets médicaux, dont MediCan, qui inonde les rues de leur slogan: A prescription for change

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Il est loin le temps où l’administration Bush, refusant de reconnaître la loi Californienne, envoyait la police fédérale pour fermer les plantations et points de ventes. MedMJDispense.jpgDès les premiers mois de son mandat, Obama a garanti la fin des poursuites, ce qui a permis à cette nouvelle industrie de prospérer en paix. Malgré les efforts des autorités locales qui, pour calmer un peu les choses, ont arrêté de délivrer des permis il y un peu moins d’un an, les dispensaires fleurissent aux quatre coins de Los Angeles. La police rappelle tous les 15 jours qu’ils vont fermer tous les établissements illégaux, mais rien ne se passe et les boutiques continuent d’ouvrir. Voici un plan trouvé sur WeedMaps, de ceux situés autour de chez moi

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Et il en manque pleins : rien que dans ma rue, j’en ai vu au moins cinq qui ne sont pas sur cette carte. Je suis même passé devant un, l’autre jour, qui gardait ses portes grandes ouvertes laissant échapper de douces odeurs d’herbe fraiche… Pas très sympa pour ceux qui ne sont pas malades!

medical-marijuana-id.jpgAlors, si c’est si simple d’obtenir cette « carte verte » avant d’aller faire ses courses au coin de la rue, pourquoi tout le monde ne le fait pas ? C’est la peur d’être fiché qui arrête la plupart des prétendants. En effet, une rumeur veut que les noms de tous les usagers soient inscrits sur un registre et que cela risque de vous fermer les portes d’un emploi auprès de toute administration publique.

52894246.jpgPour remédier à cette hypocrisie, des associations en faveur de la légalisation du cannabis ont déposé une pétition contenant près de 700 00 signatures et la question sera donc officiellement posée aux Californiens au cours des élections de novembre: Pour ou contre la légalisation? Ici, nul besoin qu’un président questionne sa légitimité pour laisser au peuple la possibilité de voter directement pour une loi ou une décision budgétaire. Si quelqu’un arrive à réunir les signatures plus de 433,971 citoyens inscrits sur les listes électorales, il pourra soumettre un projet de loi au vote des électeurs.

tax_cannabis.350.jpgLeur proposition est assez simple : autoriser les personnes de plus de 21 ans à posséder jusqu’à une once (28,5 grammes) de cannabis et à faire pousser des plantes sur une surface n’excédant pas 7,6 mètres carrés par résidence. Les mêmes restrictions qui régissent la consommation d’alcool, régirait la l’usage du cannabis. Ici, pas de bottelons, d’apéros géants ou de squattes devant les bars : il est strictement interdit de boire de l’alcool sur l’espace public. Il est même interdit d’avoir une bouteille d’alcool ouverte à portée de main dans la voiture, il faut la mettre dans le coffre. La consommation sera donc limitée à la sphère privée. En gros, une revendication très américaine: laissez moi faire ce que je veux chez moi!

Le deuxième argument, mais non des moindres, qui a permis d’ouvrir les oreilles des législateurs et des électeurs: c’est une mine à pognon, les mecs! 3199482.jpg

Les villes et les contés pourront réguler et taxer la production, le transport et la vente de marijuana sur leur territoire. Une manne financière calculée à plus d’un milliard de dollars par ans. C’est exactement ce dont a besoin l’Etat Californien qui, frappé de plein fouet par la crise financière et plombé par la gestion désastreuse de Connan le Barbare, a multiplié des coupes budgétaires magistrales dans l’éducation, la protection des parcs nationaux et qui parle maintenant d’arrêter la distribution du courrier le samedi pour faire des économies.

Très pragmatiques, les Américains sont de plus en plus réceptifs à cet argument et la proposition pourrait lancer un mouvement d'ampleur nationale, mais contrairement ce qu’on pourrait croire, l’industrie du cannabis n’est pas forcement pour la fin de l’interdiction. A Humboldt, conté du Nord de la Californie, où la ressource principale est la culture du cannabis pour les dispensaires de marijuana médicale, on s’inquiète de la chute des prix que va entrainer la légalisation. Comme il y a beaucoup d’argent en jeu, la campagne risque d’être très médiatique. On n’entend pas encore beaucoup d’opposants pour l’instant, mais ils vont certainement se manifester quand la campagne commencera. Si une majorité semble pour, reste à savoir si les fumeurs vont se souvenir du jour de l’élection et réussir à sortir de leur canapé pour aller voter.

Publié dans Société

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